Trente Ans Après: Ils Vivent L’Effondrement Economique De Leur Pays -Tele Haiti
Au Liban, avec ceux qui restent
Par Laure Stephan (Vallée de la Bekaa (Liban), envoyée spéciale)
Publié le 03 septembre 2021 à 10h40 - Mis à jour le 03 septembre 2021 à 15h07
RÉCITDans une société fragilisée par l’hémorragie des départs sur fond d’effondrement économique, des Libanais et Libanaises refusent de faire leurs valises.
Ahmad, Chantal et Ghada sont d’anciens enfants de la guerre au Liban. Ils ont connu les obus, le territoire morcelé, les privations pendant le conflit de 1975-1990. Trente ans après, ils vivent l’effondrement économique de leur pays : plongeon de la monnaie locale, appauvrissement foudroyant de la société, gel des dépôts bancaires, hyperinflation… « On se dit parfois qu’il y a une malédiction sur le Liban », souffle Ghada Ghanem, sur la terrasse de sa maison à Saghbine, un village de la vallée de la Bekaa. Ahmad, Chantal et Ghada ne blâment pas les Libanais en quête d’un passeport pour émigrer, face au sentiment d’apocalypse. Mais eux restent.
Médecin dans l’est de la Bekaa et père de trois enfants, Ahmad Daher, 40 ans, veut continuer de soigner à El Ain, localité aux maisons grises toute proche de la Syrie. « J’ai toujours aspiré à participer au développement de ma région, très pauvre. On y manque de médecins spécialisés, dit le pneumologue, derrière son double masque. Et puis, j’ai tant vibré avec la révolution de 2019. Je veux en voir les résultats. » Praticien dans le public, à son cabinet et en ONG, il vit au quotidien la dégringolade : les médicaments qui manquent dans les hôpitaux, les coupures d’électricité. Malgré le cataclysme, les autorités – le gouvernement est démissionnaire depuis un an – sont aux abonnés absents.
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